Qui était Roger Nimier ?

Jeune premier des lettres à la beauté d'archange buté. François Dufay

James Dean de la NRF. Jérôme Dupuis

Grognard et hussard. Bernard Frank

Roger Nimier fascinait de son vivant et captive encore, quelque soixante années après sa disparition tragique à bord d’une Aston Martin le 28 septembre 1962, sur le pont de la Celle-Saint-Cloud, en compagnie de l'écrivain Sunsiaré de Larcône. Il allait avoir trente-sept ans.

Roger Nimier

Sous la signe de la vitesse

La vie de cet enfant de la bourgeoisie bretonne et picarde, élevé à Paris, semble placée sous le signe de la vitesse. Né le 31 octobre 1925, son parcours scolaire au lycée Pasteur de Neuilly est brillant. À tel point que Michel Tournier, en classe de philosophie à ses côtés, disait de lui qu’il était « effrayant de précocité : il avait tout lu, tout compris, tout assimilé à seize ans. (…) C’est une espèce de trajectoire de météore » (Le Métier d'écrire, juin 1991).

À l’âge de 17 ans, tout juste lauréat du Concours général de philosophie de 1942, il est étudiant à la Sorbonne et employé par la maison de philatélie Miro. Il s’engage le 3 mars 1945 au 2e régiment de hussards (Tarbes) ; il est démobilisé le 20 août 1945.

Un écrivain prolifique 

Son premier roman, L’Étrangère, refusé par Gallimard en 1948, ne paraîtra qu’après sa mort. Mais Les Épées sera publié la même année dans la prestigieuse collection  « Blanche ». Puis en 1950, deux romans, Perfide et Le Hussard bleu, et un essai, Le Grand d’Espagne. En 1951 : Les Enfants tristes et l’essai Amour Néant.

Après Histoire d’un amour en 1953, nouveau virage : Nimier se tourne vers le journalisme pour La Table ronde, Opéra qu’il dirige ou encore Arts et le Bulletin de Paris. Il est aussi conseiller littéraire et éditeur chez Gallimard. Au cinéma, il cosigne avec Louis Malle le scénario d’Ascenseur pour l’échafaud.

Nimier Mousquetaire

Touche-à-tout anticonformiste, luttant contre l’asservissement de la littérature à une quelconque logique de groupe, et toute certitude d’être « du bon côté ».

Icône de l’insolence, du panache et du style : le mousquetaire Nimier rassemble autour de lui une génération d’écrivains que Bernard Frank surnomme les « Hussards » en 1952 dans un article des Temps modernes, en référence au Hussard bleu. On y compte notamment Antoine Blondin, Michel Déon et Jacques Laurent.

Le style du hussard, c’est le désespoir avec l’allégresse, le pessimisme avec la gaieté, la piété avec l’humour. Bref, c’est le dandysme. Pol Vandromme dans Roger Nimier - Le Grand d’Espagne

Un état d’esprit que le prix Roger Nimier continue de faire souffler.